Ca devait arriver: la France découvre les « ETFs actifs ». Ils rencontreront certainement un grand succès, mais les investisseurs avisés pourraient utilement se poser quelques questions avant de laisser leur CGP favori truffer leur portefeuille de ce produit « innovant ».
Pour mémoire, un ETF est un « Exchange Traded Fund », c’est-à-dire un fonds dont les parts peuvent être traitées sur un marché de cotation comme n’importe quelle autre valeur mobilière. Même si la plupart des ETFs étaient à l’origine des fonds indiciels, parce qu’une gestion passive facilitait pour les « market-makers » le maintien d’une cotation efficiente, il n’est écrit nulle part qu’un ETF doit être conçu pour répliquer un indice.
Cela dit, il y a plusieurs points avec lesquels nous avons du mal sur ces produits:
– une raison pour laquelle les ETFs ont gagné du terrain dans les portefeuilles est que la plupart sont gérés passivement, ce que les investisseurs apprécient après une longue période de marché haussier où beaucoup de gérants actifs n’ont pas réussi à battre leur indice. Y a-t-il une raison de penser que des stratégies actives qui sous-performaient dans un fonds normal vont subitement battre le marché juste parce qu’elles ont été ré-emballées dans un ETF ?
– une autre raison du succès des ETFs était leur niveau de commissions relativement faible, mais cela tenait au fait que la gestion passive, qui peut être confiée à un ordinateur ou à un singe, est une approche « low cost ». Pourquoi cet avantage se maintiendrait-il si les commissions du fonds doivent couvrir toutes les dépenses associées à l’information et à la recherche, qui sont indispensables pour ajouter de la valeur ?
– il est largement admis que des performances plus élevées ne peuvent être obtenues que moyennant une prise de risque accrue, qui implique elle-même de disposer d’un horizon de temps long. Si l’objectif est de conserver un investissement pour cinq ans ou plus, quel est l’intérêt de pouvoir faire des transactions au fil de la séance ? Et quel est l’intérêt de payer les coûts supplémentaires associés à cette cotation si ce n’est pas pour se servir de cette flexibilité accrue ?
Les investisseurs n’ont certes aucun problème à transformer une idée fondamentalement douteuse en grand succès. Nous l’avons constaté avec les « meme stocks », avec certains crypto-actifs et avec beaucoup d’autres supports, dont a nature se situe quelque part entre le billet de loterie et la pyramide de Ponzi. Au-moins, avec les ETFs actifs, ils n’achèteront pas une coquille vide.
HG – 9 octobre 2025