Depuis des décennies, le Japon est un fournisseur incontournable de capteurs, de robots et d’autres solutions d’automatisation, que les sociétés du monde entier utilisent pour accroître leur productivité. Pourtant, un article récent du Yomiuri Shimbun, l’un des cinq principaux journaux du pays, pointait que le Japon n’arrivait que 27e sur les 38 pays de l’OCDE dans le classement 2021 en termes de productivité.
L’article concluait qu’il était essentiel d’investir sur les personnes pour améliorer l’efficacité du travail mais, en partant de quelques exemples sur la période Covid, nous pensons que le problème se situe peut-être ailleurs.
Au début de la pandémie, le Premier Ministre de l »époque, Shinzo Aben avait appelé à une multiplication des tests PCR… qui ne s’est jamais matérialisée. Le Ministère de la Santé rechignait à utiliser des systèmes de test entièrement automatisés avant d’avoir prouvé que les machines étaient aussi fiables que les humains. Pendant ce temps, le monde entier utilisait ces appareils japonais pour effectuer des tests à grande échelle !
Dans la même période, les commerces de détail japonais ont rapidement mis en place des caisses automatisées pour éviter les contacts non indispensables avec des cartes de crédit ou des espèces. Toutefois, la plupart n’en ont pas profité pour réduire leur personnel de caisse, afin de baisser les prix ou d’augmenter les marges. Ils ont simplement déplacé ces personnes à proximité de ces nouvelles machines, pour scanner les codes-barres à la place des clients. Après tout, les Japonais ont l’habitude d’avoir des services gratuits !
Toujours pendant la pandémie, le gouvernement a essayé de résoudre l’engorgement du système médical en supprimant certaines règles qui restreignaient le recours à la téléconsultation, comme l’obligation pour les médecins de suivre une formation préalable. Le nombre d’établissements hospitaliers proposant des solutions de télémédecine est de ce fait passé de 10% à 15% en un mois… mais n’a plus bougé par la suite, probablement parce que le tarif de la consultation était trop bas.
Donc, c’est vrai, il est important d’investir sur les personnes, de former les employés et de faire bouger le comportement des clients mais, dans ces cas, il nous semble qu’il serait moins cher et plus efficace d’investir dans le bon sens et le pragmatisme. Nous verrons si la hausse récente des honoraires de consultation en ligne (portées à 87% du tarif du rendez-vous classique) confirme cette théorie.
KH – 26 janvier 2023