Le 15 février 2021, le Nikkei 225 a franchi la barre des 30 000 qu’il n’avait plus revue depuis trois décennies. Le rebond n’est pas une exclusivité japonaise, mais il faut reconnaître que les progrès en matière de transparence ont facilité le retour des investisseurs.
La barrière de la langue avait dans le passé une responsabilité importante dans le manque d’intérêt des investisseurs étrangers pour les actions japonaises. Selon un rapport publié par la Bourse de Tokyo fin 2020, 72.4% des entreprises cotées sur la Première Section publient certains documents à destination des investisseurs en anglais. C’est une hausse impressionnante depuis les 55.6% de 2019… et les chiffres bien plus bas d’il y a quelques années.
Les normes comptables japonaises étaient considérées comme un autre point rebutant pour les investisseurs étrangers. Depuis que le standard IFRS a été lancé dans l’exercice 2009, 234 sociétés représentant 42% de la capitalisation totale de Tokyo ont choisi de l’appliquer. C’est un bel effort, compte tenu de l’obligation de tenir la comptabilité en deux versions, puisque les autorités fiscales japonaises exigent le standard japonais.
Les participations croisées étaient aussi soupçonnées de fausser les valorisations dans le marché japonais. Les banques nippones et leur entreprises clientes échangeaient traditionnellement des actions pour renforcer leurs liens et se protéger des offres hostiles. En excluant les compagnies d’assurance, les participations croisées ont chuté de 35% en 1990 à environ 9% en 2019. Certes, les débouclements ont été provoqués plus souvent par des raisons de marché que par des principes de gouvernance, mais ils ont poussé les sociétés à racheter leurs titres pour compenser l’offre supplémentaire.
Le Japon a aussi mis en place de nouvelles règles pour prévenir les conflits d’intérêts entre les sociétés cotées et leurs filiales également traitées sur les marchés. Une portion non négligeable de Conseil d’Administration des filiales cotées doit être composée d’administrateurs indépendants de la maison-mère. Le gouvernement envisage aussi d’imposer à ces dernières d’expliquer les raisons qui les poussent à introduire leurs filiales en bourse. Le nombre de ces cas a baissé de 417 en 2007 à 259 l’an dernier.
Enfin, le Japon continue à rapprocher ses pratiques des standards internationaux. Une réorganisation de la Bourse de Tokyo est prévue en 2022, dans laquelle les cinq sections actuelles seront ramenées à trois: Prime, Standard et Growth. Appliquant des règles plus strictes, entre autres sur les participations croisées et la gouvernance, la nouvelle section Prime va exclure nombre des sociétés de qualité médiocre et peu liquides qui sont actuellement cotées sur la Première Section.
Dans ce contexte, les investisseurs étrangers sont discrètement montés de 4% du marché japonais en 1989 à environ 30% aujourd’hui. Parallèlement, l’indice Topix a surperformé l’EuroStoxx 50 de 100% sur les deux dernières années. Même si la performance passée n’est en aucune manière une indication de la performance future, il semble que les excuses pour ne pas investir au Japon ne soient plus aussi largement répandues qu’auparavant.
KH – 12/04/21