La Maison Blanche a poussé dans le sens d’une hausse du salaire minimum fédéral, qui n’a pas varié depuis 2009, de $7.25 à $15 l’heure en 2025. Même si cette mesure a été retirée du dernier plan de relance, elle reviendra probablement et, aussi populaire qu’elle soit, nous ne sommes pas sûrs que ses effets soient bien compris par les investisseurs.
La raison officielle de l’augmentation de salaire horaire minimal était de sortir des millions d’Américains de la pauvreté et de les aider à suivre la hausse du coût de la vie. Le projet a donc été perçu comme positif pour la consommation… mais il se pourrait bien qu’il ait l’effet inverse.
Le bureau, politiquement neutre, en charge du budget au Congrès a publié en février un rapport qui indique que, tout en sortant 900 000 personnes de la pauvreté, cette mesure coûterait 1.4 millions d’emplois sur les quatre prochaines années.
Des annonces récentes, qui n’ont guère été relayées dans les média européens, suggèrent en fait qu’un certain nombre de sociétés américaines sont prêtes à réduire leurs effectifs plutôt que laisser le salaire minimum réduire leur compétitivité. Kroger, par exemple, a annoncé qu’elle allait fermer deux supermarchés à Long Beach en Californie (soit environ 25% de ses magasins dans la région) à la suite d’un arrêté municipal imposant le paiement de primes de risque Covid-19. Cette mesure, applicable à partir de janvier, oblige les commerces alimentaires à régler un supplément de salaire de 4 dollars l’heure aux employés pendant une période d’au-moins 120 jours.
Cet exemple est probablement un avertissement pour les politiciens. Les entreprises confrontées à des pressions sur les coûts réévaluent systématiquement ce qui est le mieux pour leur activité. Ceci les amène à comparer les coûts de main d’œuvre plus élevés à une relocalisation ou à un investissement dans des technologies permettant de réduire la masse salariale. Alors qu’Amazon commence à commercialiser le système sans passage en caisse qui permet le fonctionnement de ses magasins entièrement automatisés « Amazon Go », les commerces (qui emploient une grande partie des salariés peu qualifiés aux Etats-Unis) auront des alternatives si la compétitivité de l’emploi humain vient à se dégrader.
Même les idées les plus populaires ne produisent pas toujours les effets escomptés. Si les avantages de salaires plus élevés vont être effacés par une transition accélérée aux substituts technologiques au travail humain, le scénario actuel du marché sur l’emploi et les dépenses pourrait s’avérer trop optimiste lorsque cette mesure sera adoptée.
ALF- 10/03/2021