Pour que les choses soient claires, Graphene Investments ne propose pas actuellement de fonds ESG ou ISR, car nous ne sommes pas à l’aise pour nous engager sur des labels aussi peu transparents et contournables. Cela ne nous empêche pas d’agir de manière aussi éthique et responsable que possible et aujourd’hui, nous avons un problème: pouvons-nous continuer à détenir Twitter (ou nombre de ses semblables) après ce qui vient de se passer ?
Ces derniers mois, la pandémie et l’élection présidentielle américaine ont conduit un nombre croissant de réseaux sociaux à signaler certains messages comme « non étayés » ou « controversés ». Cette tendance a franchi un nouveau seuil lorsque les comptes de Donald Trump sur plusieurs applications ont été fermés, temporairement ou définitivement, après que ses messages ont encouragés ses partisans à envahir le Capitole le 6 janvier 2021.
Le problème de la neutralité politique n’est pas nouveau mais, suite à ses récents développements et quoi qu’on pense du futur ex-Président des Etats-Unis, nous sommes maintenant face à des questions simples: est-il souhaitable de laisser un réseau social aussi suivi décider ce qui est bon ou mauvais, et mettre en avant certaines opinions tout en muselant les autres, sans même se référer à une règle transparente et connue à l’avance ? Voulons-nous vraiment encourager ce type de « justice » privée à remplacer le cadre légal mis en place au fil des siècles par des gouvernements et des parlements régulièrement élus?
Même si ce problème peut facilement être relié des aspects sociaux ou de gouvernance, nous constatons que la communauté ESG est restée étonnamment silencieuse sur ces sujets. Bien sûr, il est plus facile de vendre au grand public des « machines qui lavent plus vert que vert » ou des promesses de soutien aux minorités que des explications sur les vulnérabilités et les manipulations auxquelles notre société est exposée sous l’effet de certaines innovations. Sont-elles pour autant plus importantes pour le futur de l’humanité?
Il semble que les défenseurs de l’ESG n’ouvriront pas la boite de Pandore, et préfèrent continuer à s’intéresser aux même critères que tout le monde utilise déjà. Personne ne se souvient qui a réussi à les imposer, ni pourquoi, mais le fait est qu’ils sont devenus LE consensus, et personne n’osera les remettre en cause maintenant. N’est-il pas temps que les gouvernements se mettent à faire leur travail, et à concevoir des lois cohérentes pensées dans l’intérêt à long terme des populations, afin que les minorités et les lobbies n’aient pas la possibilité d’occuper le terrain avec leurs propres intérêts ?
HG – 13/01/2021