Beaucoup de choses ont été dites ou écrites dans les média ces dernières heures sur les événements du 6 janvier 2021, les commentateurs parlant de risque pour la démocratie ou évoquant une « tentative de coup d’état ». Au-moins à ce stade, nous considérons que les faits ne sont pas si alarmants, et nous n’utiliserions pas des mots aussi extrêmes.
Tout d’abord, les événements d’hier n’avaient rien à voir avec une révolution. La manifestation n’a pas été massive, et seules quelques centaines de personnes ont pénétré dans les bâtiments du Capitole. Selon nos informations, elles ont provoqué des dommages matériels mais les quatre décès annoncés sont des victimes accidentelles, et très peu de manifestants ont été vraiment agressifs avec les personnes. Beaucoup semblaient plus intéressés à prendre des selfies qu’à transformer la Constitution américaine en dictature. Les faits ont choqué parce qu’ils ne sont pas habituels dans ces lieux, et parce que tous les médias étaient déjà là pour couvrir la réunion du Congrès, mais des événements similaires se sont produits dans de nombreux pays (y compris la France pendant l’épisode des « gilets jaunes ») ces dernières années.
L’autre élément que nous souhaitons souligner est que nous pensons au contraire que la démocratie a bien fonctionné dans ces circonstances. De nombreux élus ou anciens élus républicains ont clairement affirmé leur désapprobation à ce qui se déroulait, et ont publiquement appelé Donald Trump à reconnaître sa défaite. A peu près la moitié des douze sénateurs qui prévoyaient de demander une vérification des décomptes de voix dans les états les plus disputés semblent avoir abandonné cette idée, et avoir validé ces résultats la nuit dernière.
Notre avis peut naturellement changer dans les prochains jours et, comme nous l’avons écrit dans le commentaire mensuel, beaucoup de choses peuvent arriver avant la prise de fonction du nouveau président. Toutefois, à ce stade, le principal problème des Etats-Unis est le mode de pensée et de fonctionnement que ces événements mettent en évidence dans le cercle rapproché de celui qui a été pendant 4 ans le président de la première puissance mondiale. Ce problème n’est pas nouveau, et nous le prenions en compte dans la mesure du possible dans notre stratégie des dernières années. Nous ne voyons donc pas de raison de changer notre position juste parce qu’il est devenu plus visible… au moment où il est en passe d’appartenir au passé.
Cela dit, nous sommes loin de considérer que la réaction du marché au vote du 6 janvier en Géorgie a été logique. Naturellement, ce résultat va aider Joe Biden à mettre en œuvre son programme, dont son projet d’introduire rapidement plus de mesures de relance. Toutefois, nous ne sommes pas certains que les conclusions que le marché en a tirées pour des secteurs ou des valeurs spécifiques (dont certains ont pris 5 à 10% dans un sens ou dans l’autre) étaient très réalistes. L’avenir le dira, mais notre horizon d’investissement est au-delà de ça de toute façon.
HG – 07/01/2021