L’indice ISM des services a atteint un niveau surprenant en juin aux Etats-Unis, mais ce chiffre cache des informations moins positives.
Dans sa dernière publication, l’indice ISM des services affichait la plus forte progression en pourcentage jamais enregistrée depuis sa création en 1997, à peine deux mois après avoir enregistré sa plus forte chute historique. A 57.1, ce chiffre devrait normalement être un signe réjouissant d’une confiance confortable des dirigeants sur la croissance. Un détail attire toutefois notre attention : l’emploi (l’une des quatre composantes, à parts égales au sein de l’indice, avec l’activité dans les affaires, les nouvelles commandes et les livraisons des fournisseurs) ne s’est pas amélioré par rapport à son niveau de mars.
Nous avons déjà abordé ici notre relative confiance dans la solidité de l’emploi, alors que les entreprises américaines avaient principalement mis leurs salariés en chômage technique plutôt que de les licencier. De fait, le taux de chômage américain a atteint 14.7% en avril, avant de baisser sur les deux mois qui ont suivi. En juin, il était toutefois encore de 11.1%, et son rythme d’amélioration ralentissait. Un nombre croissant de sociétés ont annoncé récemment des réductions de postes. Hilton, Textron, AT&T, Bed Bath & Beyond, Macy’s, Deere, Sonos, Levi’s …, la liste ne cesse de s’allonger.
De plus, certaines mesures de soutien vont se terminer prochainement et peser sur la confiance des consommateurs : sauf nouvelle mesure, le programme fédéral qui distribue actuellement 600 dollars par semaine à près de 32 millions de personnes, dont 14 millions non-éligibles aux allocations normales de perte d’emploi) se terminera le 31 juillet. Heureusement, le Programme de Protection des Rémunérations (PPP) alloué aux petites entreprises pour les encourager à maintenir les postes a été prolongé jusqu’au 8 août, avec des effets jusqu’en fin d’année.
Etant donnée la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de la demande intérieure, un retour au plein emploi est vital pour l’économie, mais il va presque certainement prendre beaucoup plus longtemps que prévu, et un surcroît d’aide budgétaire sera peut-être nécessaire.
Anne-Laure Fantuzzi – 17 juillet 2020